Les difficultés incroyables qui ont accompagné sa tenue, les débats passionnés que son opportunité ou non ont suscités, la très considérable quantité d’agents en tous genres impliqués dans son organisation, le caractère plus que sensible des enjeux que son aboutissement est censé entraîner, tout dans le procès d’Habré dégage l’allure d’une « paranoïa déambulatoire », pour dévaliser Paul Nizan caractérisant le Bohémien Arthur Rimbaud. Mais aujourd’hui que le verdict est rendu au bout de longs mois d’âpres controverses à caractère juridictionnel, une seule attitude s’impose : tirer un bilan qui soit de nature à rendre compte de l’exact niveau de pertinence de l’événement.
On ne le dira jamais assez : les conditions plus ou moins cavalières et nébuleuses dans lesquelles les Chambres africaines extraordinaires ont été montées, ainsi que l’identité des membres qui les composent, constituent un point noir non négligeable dans la tenue de ce procès marathon, et ce ne sont pas les gages de rigueur et d’objectivité bruyamment exprimés ici et là qui pourront faire évoluer cette triste couleur. L’on ne pourra guère non plus, dans le cadre d’une évaluation globale de ce procès, passer sous silence les forts soupçons de connivence, autant dire de subordination, des juges vis-à-vis d’un certain Idriss Déby, tombeur de l’accusé, mais aussi son plus proche collaborateur au moment des faits. En effet, il a été dit et répété que la main de l’actuel président du Tchad a été présente de bout en bout dans la mise en œuvre du procès et qu’il n’aurait guère lésiné sur les moyens pour transformer les juges désignés en serviteurs dociles de sa cause.
Il est vrai que jusqu’à preuve du contraire, une telle présomption relève de l’hypothèse, étant entendu que ceux qui la distillent n’ont guère pu apporter des preuves concrètes de sa véracité. Mais on ne peut non plus écarter totalement la possibilité que les choses se soient passées ainsi.
Mais de la même manière, la plaidoirie la plus brillante ne pourrait amener tout le monde à penser que Habré est exempt de toute forme de culpabilité, qu’il est blanc comme neige, qu’il est innocent à tous points de vue. Car ce qui reste constant au delà de toutes les dénégations est qu’il y a eu quantité de morts, de torturés, d’éclopés, et que cela s’est passé sous son règne. Il a bien fallu quelqu’un pour exécuter de telles basses besognes (tout le monde dit que c’était Déby, et il n’a pas pu prouver le contraire !), et il a bien fallu quelqu’un pour lui pour en ordonner la mise en œuvre. Et voilà bien pourquoi donc coupable au cinquième ou au premier degré, l’homme Habré a indubitablement un niveau de responsabilité dans cet abominable charnier.
Au chapitre donc des résultats, le tort ne peut être que partagé : Habré pour avoir été le chef suprême du Tchad au moment des faits (eh oui, l’histoire nous joue parfois de vilains tours !), et ceux qui se targuent de l’avoir enfin jugé pour n’avoir jamais su prouver qu’ils ont été libres de toute pressante subordination durant tout le processus du jugement.
On ne le dira jamais assez : les conditions plus ou moins cavalières et nébuleuses dans lesquelles les Chambres africaines extraordinaires ont été montées, ainsi que l’identité des membres qui les composent, constituent un point noir non négligeable dans la tenue de ce procès marathon, et ce ne sont pas les gages de rigueur et d’objectivité bruyamment exprimés ici et là qui pourront faire évoluer cette triste couleur. L’on ne pourra guère non plus, dans le cadre d’une évaluation globale de ce procès, passer sous silence les forts soupçons de connivence, autant dire de subordination, des juges vis-à-vis d’un certain Idriss Déby, tombeur de l’accusé, mais aussi son plus proche collaborateur au moment des faits. En effet, il a été dit et répété que la main de l’actuel président du Tchad a été présente de bout en bout dans la mise en œuvre du procès et qu’il n’aurait guère lésiné sur les moyens pour transformer les juges désignés en serviteurs dociles de sa cause.
Il est vrai que jusqu’à preuve du contraire, une telle présomption relève de l’hypothèse, étant entendu que ceux qui la distillent n’ont guère pu apporter des preuves concrètes de sa véracité. Mais on ne peut non plus écarter totalement la possibilité que les choses se soient passées ainsi.
Mais de la même manière, la plaidoirie la plus brillante ne pourrait amener tout le monde à penser que Habré est exempt de toute forme de culpabilité, qu’il est blanc comme neige, qu’il est innocent à tous points de vue. Car ce qui reste constant au delà de toutes les dénégations est qu’il y a eu quantité de morts, de torturés, d’éclopés, et que cela s’est passé sous son règne. Il a bien fallu quelqu’un pour exécuter de telles basses besognes (tout le monde dit que c’était Déby, et il n’a pas pu prouver le contraire !), et il a bien fallu quelqu’un pour lui pour en ordonner la mise en œuvre. Et voilà bien pourquoi donc coupable au cinquième ou au premier degré, l’homme Habré a indubitablement un niveau de responsabilité dans cet abominable charnier.
Au chapitre donc des résultats, le tort ne peut être que partagé : Habré pour avoir été le chef suprême du Tchad au moment des faits (eh oui, l’histoire nous joue parfois de vilains tours !), et ceux qui se targuent de l’avoir enfin jugé pour n’avoir jamais su prouver qu’ils ont été libres de toute pressante subordination durant tout le processus du jugement.